Les secrets des pyramides d’Égypte

Lors d’un circuit en Égypte, la visite du plateau de Gizeh est un incontournable. Érigées à partir de l’Ancien Empire et jusqu’au IVe siècle après notre ère, les pyramides d’Égypte témoignent en effet de la grandeur des pharaons et du rayonnement de la civilisation égyptienne. Mais leur construction suscite de constantes interrogations quant aux ressources et aux connaissances dont disposaient les Égyptiens. Elles renferment encore bien des mystères… Encore aujourd’hui, scientifiques et archéologues continuent à chercher – et trouver ! – les secrets des pyramides, enfouis pendant près de 4 millénaires.

La pyramide de Khéops

crédit photo : Siddhesh Mangela

Histoire et contexte des pyramides d’Égypte

L’origine des pyramides

Lorsque l’on s’intéresse aux secrets des pyramides, il convient de se pencher sur leur origine. Plusieurs pharaons bâtisseurs ont laissé leur marque indélébile dans l’Histoire. D’abord, le pharaon Djoser, avec la pyramide à degrés de Saqqarah, considérée comme la plus ancienne pyramide au monde. Conçue par l’architecte Imhotep, elle réinvente la structure de « mastaba » jusque là utilisée et a servi de modèle pour les structures ultérieures. Ensuite, Snéfrou, père de Khéops, également connu pour avoir construit plusieurs pyramides, dont la pyramide rhomboïdale et la pyramide rouge à Dahchour. Son règne a d’ailleurs vu naître des innovations majeures dans la conception pyramidale.

Les pyramides de Gizeh : l’apogée de l’âge des pyramides

Ainsi, quelques siècles plus tard, les pyramides de Gizeh, bien plus élaborées, ont vu le jour. On estime qu’elles sont apparues entre 2550 et 2 490 avant notre ère. L’Égypte connaissait alors une prospérité sans précédent. C’est sous le règne de Khéops que fut érigée la plus grande pyramide jamais construite, la seule merveille du monde antique encore debout du haut de ses 147 mètres ! Khéphren, fils de Khéops, a construit la deuxième pyramide de Gizeh, légèrement plus petite que celle de son père. Son complexe funéraire comprend également le Sphinx de Gizeh. La troisième est l’œuvre de Mykérinos, son successeur. Aujourd’hui, on connaît 31 pyramides dans le pays.

La fonction des pyramides

Si les pyramides nous fascinent aujourd’hui par leur beauté majestueuse, elles avaient une fonction bien particulière. Elles renferment les derniers restes des pharaons de l’Égypte antique, les élus des dieux dont le tombeau se devait d’être somptueux afin de prendre soin du « ka ». Le pharaon était momifié, tout comme ses proches et de ses serviteurs défunts dans les nombreuses chambres funéraires. Pour qu’il ne manque de rien dans l’au-delà, des vases emplis d’or, de mets fins et d’offrandes étaient placés dans sa dernière demeure.

La pyramide de Saqqarah, la plus ancienne d'Égypte

crédit photo : Dennis

Les techniques de construction des pyramides

L’un des plus grands secrets des pyramides se niche dans leur construction. La civilisation égyptienne a su maîtriser des techniques architecturales ingénieuses et très surprenantes au vu de l’époque. L’alignement précis des pyramides par rapport aux étoiles démontre également une connaissance approfondie de l’astronomie.

Les matériaux utilisés

Les pyramides sont principalement composées de blocs de calcaire issus de la région ou de Haute-Égypte. Le granit, extrait des carrières situées à Assouan, était utilisé pour les éléments structurels et les chambres funéraires. La chambre du roi dans la Grande Pyramide de Khéops est entièrement construite en granit. Pour paver les sols, les Egyptiens préféraient les dalles de basalte, une roche noire réputée pour sa résistance. Les éléments décoratifs étaient sculptés dans l’albâtre. Si la plupart des blocs de calcaire sont grossièrement taillés, quelques-uns le sont avec une très grande précision. Des mesures récentes évaluent le nombre de blocs à plus de 2 millions. De plus, chaque bloc pesait environ 2,5 tonnes.

Le transport des blocs

Les matériaux utilisés pour ériger les pyramides de Gizeh viennent des carrières de calcaire de Tourah et d’El-Maasara. Plusieurs spécialistes avaient émis l’idée d’un transport fluvial, ce que des fragments de papyrus semblaient corroborer. En 2022, une étude publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment a en effet démontré qu’un affluent du Nil longeait autrefois le plateau de Gizeh sur une soixantaine de kilomètres en parallèle du fleuve nourricier. Ce canal bien pratique, alimenté notamment par les crues du Nil, aurait disparu au VIe siècle avant notre ère. Il a laissé place au désert, ne laissant derrière lui que quelques sédiments… Dommage, car les photos des pyramides se reflétant dans l’eau auraient été de toute beauté !

L’érection des structures pyramidales

Les Égyptiens transportaient donc les blocs servant à l’érection des pyramides par le fleuve, mais comment s’y prenaient-ils pour les empiler sur une telle hauteur ? L’Institut français d’archéologie orientale et l’Université de Liverpool ont répondu à cette question en 2018. En réalisant des fouilles en Moyenne-Égypte, ils ont découvert une rampe de 3 mètres de large, encadrée par deux escaliers. Grâce à l’inclinaison de 20%, des blocs massifs d’albâtre ont été transportés – probablement avec l’aide de traîneaux. Alors pourquoi ne pas envisager qu’une telle technique ait été utilisée sur le site des pyramides ? D’autres hypothèses mentionnent des rampes qui auraient entouré les pyramides ou des rampes intérieures, ce qui n’a toujours pas été prouvé. De plus, des chercheurs français étudient, à l’été 2024, la possibilité que les bâtisseurs aient utilisé un monte-charge hydraulique pour la pyramide de Saqqarah…

Outils et main-d’œuvre

La construction des pyramides reposait sur des techniques avancées et une organisation rigoureuse du travail. Hérodote estime la main d’œuvre nécessaire à la taille des pierres, au transport des blocs et à la construction des pyramides à 100 000 ouvriers. Néanmoins, ce chiffre doit être rapporté à la population globale du pays à l’époque, qui n’excédait pas les 1 million d’habitants. Des études plus récentes évoquent plutôt un nombre de 20 000 travailleurs. On pense souvent que les maître d’œuvres exploitaient des esclaves ou des prisonniers. Or, en étudiant les squelettes retrouvés sur place, les spécialistes sont formels : il s’agissait bien d’ouvriers égyptiens qualifiés et correctement nourris. En effet, on a également exhumé d’importants restes de viande aux abords du site ! Ils bénéficiaient également de soins médicaux pointus. Originaires de tout le pays, ils furent probablement mobilisés pour accomplir ce projet national de grande ampleur.

Les archéologues cherchent la réponse aux secrets des pyramides dans les temples de toute l'Égypte

crédit photo : Lea Kobal

Les secrets cachés à l’intérieur des pyramides

Des chambres et des passages mystérieux

Chaque pyramide renferme un réseau complexe de chambres funéraires et de passages. La fonction de certains reste incertaine : deux conduits partent par exemple de la chambre de la Reine sans que l’on en connaisse aujourd’hui l’utilité. D’ailleurs, la chambre de la Reine n’abrite aucune dépouille… Certains passages et conduits semblent alignés avec des étoiles ou des constellations importantes, renforçant l’idée que les pyramides servaient également de structures astronomiques.

En 2023, on a trouvé une cavité de 9 mètres de long dans la pyramide de Khéops, la plus imposante des trois du plateau de Gizeh. Les scientifiques avaient détecté ce tunnel quelques années auparavant grâce à un scanner. Désormais, avec la topographie muonique, on en connait les dimensions : elle mesure 9 mètres de long pour 2 mètres de large et creuse l’entrée de la pyramide de Khéops. Le gouvernement égyptien a nommé cette cavité « couloir de la face nord ». Mais les architectes avaient de toute façon prévu de nombreux couloirs similaires. Le but ? S’assurer de la solidité de la pyramide en allégeant la structure globale !

Des trésors enfouis

De nombreux objets ont été retrouvés à l’intérieur des pyramides. Des sarcophages richement ornés, des masques funéraires et des canopes, qui contenaient les viscères des pharaons, sans compter les bijoux royaux… Beaucoup d’objets, comme les amulettes, étaient conçus pour protéger le pharaon dans l’au-delà et assurer son passage en toute sécurité. Les stèles et les inscriptions servaient à immortaliser le pharaon et ses réalisations, assurant sa renommée éternelle. Dans la Grande Pyramide de Khéops, un sarcophage en granite rouge a été trouvé dans la Chambre du Roi, bien que vide de toute momie. Ces richesses ont attiré les pilleurs de tout horizon : n’en déplaise à Hollywood, nul piège n’était prévu pour les en empêcher.

Des inscriptions et hiéroglyphes révélateurs

Bien plus que de simples tombeaux, les pyramides nous fournissent de précieux renseignements, non seulement sur la mort, mais aussi sur la vie dans l’Égypte antique. Les scènes dépeintes sur les parois des pyramides racontent le quotidien des paysans dans les champs, le travail des menuisiers et les sorties de chasse. Les rituels religieux y sont également détaillés. Plus étonnant, les inscriptions déchiffrées dans les recoins de certaines fresques révèlent que les ouvriers s’associaient en équipes de travail très soudées, sous des noms évocateurs : « Ivrognes de Menkaure », « Amis de Khéops »…

Une position géographique porteuse de sens

Lorsque l’on survole les pyramides d’Égypte, impossible de s’y tromper : presque parfaitement alignées, elles sont parallèles au Nil. Gizeh, Saqqarah, Dahchour et Licht (où se trouvent les pyramides les plus méridionales) se trouvent pourtant en plein désert. Pourquoi avoir choisi ces endroits isolés ? Là encore, la réponse se trouve dans le fleuve, et cet affluent du Nil aujourd’hui disparu le long duquel auraient été bâties les monumentales structures.

De nombreuses inscriptions ornent généralement les parois des tombeaux égyptiens

crédit photo : mattiagenini

Les secrets des pyramides non résolus

Les pyramides d’Égypte, avec leur grandeur et leur complexité, continuent de défier notre compréhension. Les mystères non résolus autour de leur construction, de leur utilisation, et de leur symbolisme témoignent de la sophistication de la civilisation égyptienne. Chaque nouvelle découverte archéologique et avancée scientifique offre des indices, mais aussi de nouveaux secrets des pyramides à élucider.

L’incertaine utilisation du levier à bascule

De nombreuses civilisations ont employé le levier à bascule pour bâtir d’imposants monuments. Or, le Musée du Caire expose un instrument en bois nommé ascenseur oscillant très similaire. Cet appareil, sorte de traîneau à patins courbes, fonctionne en plaçant des cales de plus en plus hautes sous chaque extrémité. Un humain peut, de cette façon, soulever un bloc fixé sur le berceau oscillant, même s’il pèse plusieurs tonnes. Cependant, certains égyptologues soutiennent qu’un tel outil n’a pas été utilisé avant le Nouvel Empire, car on n’a trouvé aucune trace de son usage pour les périodes du Moyen ou de l’Ancien Empire.

La traction animale questionnée

Les chercheurs estiment que les ouvriers tiraient les blocs de pierre sans aide animale. Pourtant, une illustration du Nouvel Empire représente trois bovins qui tirent un bloc de taille. Les animaux aidaient-ils les ouvriers sur les chantiers des pyramides ? Personne n’a prouvé ni démenti cette hypothèse.

La disparition des trésors et des corps

Bien que les archéologues aient trouvé de nombreux objets précieux dans des tombes moins prestigieuses, les pyramides de Gizeh semblent avoir été dépouillées très tôt. Les détails sur les trésors qu’elles contenaient à l’origine et sur leur emplacement actuel demeurent un mystère. En outre, les pyramides étaient censées être les tombeaux des pharaons, mais aucune momie royale n’a été retrouvée à Gizeh. Où sont passé les dépouilles des pharaons comme Khéops, Khéphren et Mykérinos ? Ont-elles été déplacées ou détruites ?

Des connaissances mathématiques et astronomiques inconcevables

A travers les siècles, les pyramides nous apprennent que les Égyptiens étaient d’incroyables mathématiciens. Chaque côté de la pyramide de Khéops suit une inclinaison précise de 52 degrés. De plus, les pyramides s’alignent de manière extrêmement précise avec les points cardinaux. Les proportions précises et les relations mathématiques présentes dans la conception des pyramides (comme le nombre d’or ou π) laissent supposer une connaissance avancée des mathématiques. Comment les anciens Égyptiens ont-ils réussi cet exploit avec une telle précision sans les instruments modernes ? La méthode exacte reste un mystère.

Des rites religieux inconnus

Contrairement aux pyramides postérieures qui contiennent des Textes des Pyramides, les pyramides de Gizeh n’en contiennent pas. Pourquoi ces textes manquent-ils ? Quels étaient les rituels exacts pratiqués pour le pharaon dans ces pyramides ? De plus, les petites pyramides annexes trouvées autour des grandes pyramides, souvent pour les reines ou les membres de la famille royale, ont des fonctions et des significations qui ne sont pas entièrement claires.

Le Sphinx veille jalousement sur les secrets des pyramides de Gizeh

crédit photo : J G D

Hypothèses et théories autour des secrets des pyramides

Plusieurs théories controversées, incluant l’intervention de forces extraterrestres ou le lien avec les moaï de l’île de Pâques, ont été émises au fil du temps. La pop culture aurait même suggéré l’influence d’une certaine potion magique gauloise… Cet ensemble de spéculations et d’hypothèses porte un nom : la pyramidologie.

La théorie du rempart

Plusieurs auteurs du XIXe siècle ont avancé la chose suivante : les pyramides, plus que des tombeaux, seraient en réalité des protections contre le sable du désert. En effet, les vents dominants dans les régions désertiques auraient menacé les zones agricoles. Pour les contrer, la surface inclinée des pyramides se serait avéré idéale. En tant qu’extensions symboliques du pouvoir pharaonique, les pyramides symboliseraient alors la victoire des rois d’Égypte contre le chaos du désert.

La théorie de la pompe hydraulique

Edward Kunkel et John Cadman affirment, eux, que la Grande Pyramide fonctionnait comme une pompe hydraulique géante. Cette théorie suggère que la pyramide permettait de pomper l’eau du Nil pour des raisons agricoles ou rituelles. Des simulations à petite échelle ont montré que cette hypothèse pourrait être plausible. Malheureusement, elle reste très complexe et inadaptée aux besoins de l’époque.

La théorie numérologique

Des auteurs comme Charles Piazzi Smyth ont exploré des interprétations numérologiques des dimensions des pyramides, suggérant qu’elles contiennent des connaissances secrètes ou des prophéties codées. Smyth a notamment introduit l’idée du « pouce pyramidion » (Pyramid Inch), qu’il croyait être une unité de mesure utilisée par les constructeurs de la pyramide.

Les théories énergéticiennes

Certains théoriciens alternatifs suggèrent que les pyramides fonctionnaient comme des générateurs ou des accumulateurs d’énergie. Ils voient les pyramides comme des symboles ésotériques, des réceptacles de connaissances occultes et des outils pour accéder à des dimensions spirituelles supérieures. Ils interprètent l’alignement précis des pyramides avec les points cardinaux et certaines constellations, comme Orion, comme une tentative de créer une connexion avec les cieux. Quant au documentaire « La révélation des pyramides », il affirme que les pyramides sont alignées avec d’autres sites d’envergure mondiale, comme le Machu Picchu ou l’île de Pâques.

La théorie des anciens astronautes

En raison de leur complexité architecturale et des technologies supposées nécessaires à leur construction, les pyramides, selon les plus inventifs, auraient été construites avec l’aide d’extraterrestres. Tels seraient les secrets des pyramides : l’intervention d’êtres venus d’ailleurs. La théorie des anciens astronautes suggère en effet que ces derniers auraient visité la Terre dans le passé lointain. À cette occasion, ils auraient influencé le développement des civilisations humaines, notamment celle de l’Égypte ancienne. Autre option : ces tombeaux de pharaons seraient en réalité des vestiges de l’Atlantide… Quelques égyptologues qualifient ces pyramidologues de « pyramidiots ». Quelle que soit la légitimité que l’on accorde à ces hypothèses, il faut reconnaître qu’elles laissent rêveur.

Les secrets des pyramides ont alimenté de nombreuses théories à travers le monde

crédit photo : Lagui

Visiter les pyramides aujourd’hui

Conseils pratiques pour comprendre tous les secrets des pyramides

Visiter les pyramides d’Égypte aujourd’hui est une expérience incontournable pour les amateurs d’histoire et de culture. Pour profiter pleinement de sa visite, nous vous conseillons de vous rendre sur place pendant les mois plus frais de l’hiver, de novembre à février. Les températures sont alors plus clémentes ! Nous vous recommandons également d’arriver tôt le matin pour éviter les foules. Une croisière à la découverte des pyramides s’avère toute indiquée pour se laisser aller au rythme du Nil… De nombreux tours guidés sont disponibles, souvent accompagnées d’experts en égyptologie qui fournissent des informations détaillées et passionnantes sur les pyramides et leur histoire.

Les sites à ne pas manquer

Dans la capitale, le musée égyptien du Caire abrite de nombreux artefacts fascinants relatifs à l’Antiquité égyptienne, y compris des trésors découverts dans les tombes royales. Le site de Saqqarah, avec sa célèbre pyramide à degrés de Djoser, et la nécropole de Dahchour, où se trouvent les pyramides de Snéfrou, restent en outre des lieux essentiels pour compléter votre exploration des pyramides et comprendre l’évolution de l’architecture funéraire égyptienne. Le Sphinx surveille bien sûr le plateau de Gizeh, avec son nez manquant. Toutes les structures funéraires révèlent que les Égyptiens avaient une vision de la mort très particulière, celle-ci étant perçue comme une transition vers l’éternité. Quoi qu’il en soit, le monde est bien loin d’avoir percé tous les secrets des pyramides.

Une croisière sur le Nil est l'une des plus belles manières de découvrir l'Égypte

crédit photo : Mael Balland